Un soir de septembre, la paix règne sur le village de la Croisille-sur-Briance. Mais en début de soirée, un bruit de moteur se fait entendre. Les gens se précipitent sur la place principale. Les enfants s’agitent, partagés entre l’étonnement et la peur. Ce jour là trois Bentley font irruption dans le bourg. L’une d’elle est pilotée par l’anglais Tim Birkin.
Mais c’est Jean Chassagne que les habitants acclament. L’enfant du pays rentre du grand prix de Pau. Lorsqu’il passe par son village natal, Il a le blues. Il sait que sa carrière de pilote s’achève. L’annonce ne sera officielle que quelques mois plus tard. Mais ce jour-là, en serrant les mains de ses amis, Jean se repasse dans la tête le film de sa vie.
Prost ou Hamilton de l’époque
Tombe de Jean Chassagne au cimetière de La Croisille-sur-Briance.
Son parcours sportif est impressionnant. Il le placerait aujourd’hui au même rang des Alain Prost ou Lewis Hamilton. Jean Chassagne est né en 1881 à la Croisille-sur-Briance. Il s’intéresse très tôt à l’automobile. Il quitte alors sa commune et monte à Paris où il fait la connaissance d’un certain Hanroit, pilote et constructeur d’avions. Il l’engage comme mécanicien. En 1910, Jean Chassagne décroche son brevet de pilote d’avion mais il préfère la voiture.
Pilote chez Hispano Suiza
Il débute la compétition comme pilote d’usine chez Hispano Suiza, marque espagnole d’automobiles et d’équipement aéronautique fondée à Barcelone en 1904 par l’ingénieur suisse Marc Birkigt. Il prend goût aux belles mécaniques.
Chassagne finit quatrième de la coupe de Catalogne. En quête de volant il frappe à la porte de Sunbeam, firme créée par la John Marston Compagny à Wolverhampton dans le Midlands en 1888.
Troisième au grand-prix de France
Il finit par convaincre l’équipe et prend en 1913 le départ du grand prix de France à Amiens. Il finit troisième. Lorsqu’ éclate la Première Guerre mondiale, il sert l’armée française en qualité de pilote de chasse. Mais au lendemain du conflit, il rejoint les circuits et multiplie les prouesses.
Super.. sur l’île de Man
Classic Days 2017 bentley
Il remporte le RAC Tourist Trophy le 22 juin 1922 sur l’ile de Man. sur une Sunbeam III. Il est le premier continental à vaincre un britannique dans cette compétition. Cet événement difficile fut décrit plus tard par le vainqueur Jean Chassagne comme « roulant dans une mer de boue, sans réelle visibilité et par une pluie battante ». Cette victoire fut considérée ensuite comme l’un des sommets de la carrière de Chassagne. Puis il participe au 24 heures du Mans. En six participations consécutives, il se classe trois fois dans les cinq premiers. S’il pilote au début la mythique Sunbeam Sport Le Mans, il rejoint en 1928 l’équipe Bentley.
Un square à Crew
Bentley, collection, 1924 (photo Stéphanie Para).
Là il intègre le cercle très fermé des Bentley Boys. Ces pilotes, aventuriers et épicuriens sont à l’origine de la plupart des victoires du constructeur anglais entre 1927 et 1931.
Chassagne fut la figure emblématique de ce groupe. D’ailleurs à Crewe, ville située au nord-ouest de l’Angleterre, un square de la Rolls avenue porte son nom. Décédé le 13 avril 1947, il repose dans le cimetière communal de la Croisille où son effigie en bronze est scellée sur sa pierre tombale, elle le représente en coureur automobile.
Bentley boys
Bentley, voiture, collection, 1924 (photo Stéphanie Para).
Groupe d’automobilistes britanniques fortunés qui ont conduit les Bentley à la victoire dans les années 1920 et ont maintenu vivante la réputation de haute performance de la marque.
Tim Birkin
Sir Henry Ralph Stanley Birkin dit Tim Birkin, est l’un des Bentley Boys qui a traversé la Croisille en septembre 1930. Il est à l’époque une star des circuits. Au cours de la Première Guerre mondiale, Henry Birkin rejoint le Royal Flying Corps où il devient lieutenant. Il meurt de septicémie après l’infection de son bras brûlé lors d’un arrêt aux stands avec le tuyau d’échappement de sa nouvelle Maserati 3000 en voulant allumer une cigarette.
Huile d’olive dans le moteur
Les anecdotes concernant Jean Chassagne sont nombreuses. Tombé en panne d’huile, lors d’une course en Sicile, il termine la compétition avec de l’huile d’olive achetée dans une épicerie qu’il injecte dans son moteur. Une odeur très particulière sur la « Victory-line »
Jean-François Julien
August 16, 2020 at 04:54PM
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Jean-Chassagne le « Bentley Boy » de la Croisille-sur-Briance - lepopulaire.fr
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